Max B. / Médina de Fès |
Un vent de panique et le chaos se sont abattus sur le Maroc depuis dimanche provoqués par une série de mesures annoncées au dernier moment.
Hier à 18 heures le gouvernement annonce l'interdiction absolue de quitter ou d'entrer à partir de minuit dans 8 villes du royaume dont Tanger, Casablanca, Marrakech, Fès et pour au minimum 14 jours.
Conséquences immédiates la panique s'est emparée des populations et un exode massif s'est mis en branle. Il y avait ceux qui voulaient passer l'Aïd El Adha (31 juillet) en famille ailleurs que dans leur lieu de résidence, ceux qui étaient partis en vacances en bord de mer et qui ont dû quitter leur hôtel à toute vitesse pour rentrer chez eux avant minuit.
Résultats autoroutes embouteillées et accidents en cascade.
De mémoire de marocain ils n'avaient jamais connu cela.
Cela continue dans le genre annonce anxiogène, à Fès les magasins, cafés, restaurants et commerces devront fermer à 20 heures chaque jour pour une durée indéterminée.
Bien sûr ces mesures sont prises parce que le niveau des contaminations Covid a explosé ces derniers jours avec des pics de contaminations jamais atteints depuis le début de l'épidémie (811 le 25 juillet, 633 le 26 juillet et 609 ce 27 juillet) mais cela était totalement prévisible et aurait dû être anticipé.
Depuis le 10 juillet le peuple marocain est soumis a une série d'injonctions contradictoires qui émanent des différents ministères qui ont rendu les conditions de déconfinements ubuesques.
En voici un florilège:
Le tourisme interne va sauver les hôtels, les marocains doivent voyager au Maroc c'est presque une cause nationale.
Les hôtels ont le droit d'ouvrir à 50% de leur capacité, puis cela passe à 100% pour revenir à .... 0% faute de voyageurs.
Puis on dit, les marocains ne doivent pas voyager pendant les congés de la fête de l'Aïd Al Adha avant de fermer les principales villes pourvoyeuses de touristes.
Le sacrifice du mouton se fera mais les souks ne seront pas ouverts mais les éleveurs pourront organiser des points de ventes dans les quartiers.
Le Maroc ouvre ses frontières aux marocains résidents à l'étranger mais pas aux simples touristes comme si les touristes étaient plus contagieux que leurs voisins d'origine marocaine.
On rouvre des mosquées et dans le même temps on demande aux croyants de faire la priére de l'Aïd chez soi.
On a l'impression de vivre une communication à la française comme celle que les français ont eu sur les masques inutiles devenus indispensables.
Les réseaux sociaux bruissent, ragent et hurlent à l'incompétence de ce gouvernement et comme à chaque fois qu'il y a une crise dans le pays le peuple se tourne vers sa Majesté le Roi et l'implore de mettre fin à ce qu'il nomme "cette mascarade".
Dans la vraie vie aussi les mouvements d'humeurs se font nombreux, hier soir dans les quartiers populaires de Fès les gens sont sortis pour crier leur ressentiment.
D'autant que l'indemnité Covid du mois de juin au profit des salariés en chômage forcé vient à peine d'être distribuée. Les gens sont aux abois.
Dans des secteurs comme le tourisme la crise va durer des mois encore et si l'aide n'est pas poursuivie au moins jusqu'en fin d'année ce sont près d'un million de familles qui vont se retrouver à la rue.
Le Maroc ne peut pas se permettre un tel plongeon dans l'abîme.
De plus en plus de voix s'élèvent pour reprocher au gouvernement de ne pas avoir annulé purement et simplement la célébration de l'Aïd car la majorité aurait compris la mesure puisque cette fête ne peut se faire sans brassage de population, sans déplacement d'une région à l'autre pour rejoindre ses proches, ses parents, ce qui est à haut risque de multiplication de clusters de contamination.
Gouverner c'est prévoir et anticiper, nous en sommes loin.
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