mardi 30 juin 2020

Maroc: un été sans touristes étrangers ?


Nador: plage déserte / Riad Souafine 2020

 L'été 2020 ne ressemblera à aucun autre c'est une évidence. 
Covid 19 bouleverse la donne partout dans le monde.Le Maroc ne fera pas l'exception.

Le suivi des contaminations dans le royaume  montre depuis 15 jours une recrudescence du nombre de cas de contamination essentiellement dus à des clusters importants surtout dans les régions de Tanger et de Kenitra ainsi qu'à l'augmentation des tests pratiqués dans tout le royaume.
La majorité des nouveaux cas sont sans symptôme et le nombre de décès reste heureusement très bas.

Le déconfinement progressif ne semble pas provoquer une explosion des contaminations.
La vie quotidienne des marocains commence à retrouver un peu de normalité avec un prudent redémarrage de l'économie. 
La reprise des vols internes est effective depuis quelques jours.

Seuls les métiers du tourisme échappent encore à la reprise alors même que l'Etat s’apprête à débrancher les perfusions qui les ont aidés à survivre.

Le Ministère du Tourisme a simplement lancé une bouée de sauvetage, au travers du mirage du tourisme interne, à laquelle quelques professionnels désespérés se sont accrochés mais qui concrètement ne permettra pas de sauver le secteur.



En effet la crise aura appauvri les marocains, rares seront ceux qui pourront se "payer" des vacances cet été alors que l'Aïd el Kebir approche et que la rentrée scolaire plombera les familles.
Bien sûr les hôtels des stations balnéaires devraient attirer un peu de monde mais au prix de baisse drastique des tarifs, sans rentabilité, juste pour sauver quelques meubles...

Pour les autres ? Le désastre se profile. 
Qui peut imaginer que le marché local  délaissé depuis des décennies soit à même, en pleine crise, de remplir les hôtels et Riads des médinas ? 
Un marché cela se construit sur des années pas en deux semaines !

De plus les conditions sanitaires imposées aux établissements hôteliers sont draconiennes, si elles peuvent rassurer les voyageurs d'affaires, elles n'ont rien d'attirant pour les vacanciers.
Prise de température à tous moments, port du masque, contacts humains prohibés, désinfections permanentes (des mains, des pieds, des bagages...), distance physique, piscines fermées (dans certaines régions) sont des mesures qui sur le papier peuvent être utiles mais dont la mise en pratique transforme les vacances en cure  dans un sanatorium.

Autant rester chez soi ou aller dans la famille voire louer une villa bord de mer dans l'informel !

Quant à l'ouverture des frontières toujours aucune information officielle ne filtre. Les professionnels ont beau supplier le ministère de communiquer..... le flou reste total.

A ce jour les rares informations qui circulent relèvent du "On dit que...":
* ouvertures des frontières à partir du 11 juillet
* test Covid négatif réalisé avant l'embarquement
* prise de température à l'arrivée avec risque de mise en quarantaine si la température est supérieure à 37,2°
* quarantaine systématique pour tous (9 jours à l'hôtel en pension complète aux frais des voyageurs) avec tests PCR

Si ces informations étaient confirmées aucun touriste étranger ne fera le voyage au Maroc cet été.

Plus le gouvernement tarde à clarifier sa position plus il pénalise les professionnels, ampute son économie et devra assumer les licenciements massifs qui ne pourront être évités dans ce secteur.



Pendant que le Maroc se tétanise et se replie sur lui même, les autres destinations prisées du pourtour méditerranéen sont en ordre de marche et s'apprêtent à accueillir les estivants. L'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, la Turquie et la Tunisie mettent tout en oeuvre pour sauver leur industrie touristique et damer le pion au Maroc.

Nous attendons (espérons) des précisions sur les conditions de voyages et d'entrées des étrangers aux alentours du 10 juillet et nous vous les diffuserons aussitôt bien qu'à cette date il sera bien tard pour organiser un séjour estival...
 

mercredi 10 juin 2020

Maroc: Bilan Covid 19 au 10 juin 2020




L'état d'urgence sanitaire vient d'être prolongé jusqu'au 10 juillet 2020.
Des mesures d'allègement du confinement ont été annoncées.
A l'image de ce que la France a mis en place, le Maroc a sorti un pinceau et mis des couleurs, rouge, orange et vert, sur sa carte et il prévoit deux niveaux de "déconfinement".

Niveau 1: déconfinement "rapide et progressif", liberté de circulation dans les zones vertes, ouvertures de certains commerces (magasins, coiffeurs, cafés) à 50% de leur capacité d'accueil. activités de plein air autorisées et parcs et jardins ouverts au public.

Niveau 2: pas de déconfinement

Pour tous les territoires les rassemblements, les mariages sont interdits, les mosquées et hammams restent fermés.

Un point sur la situation sera effectué chaque semaine pour modifier (ou pas) les conditions de vie.

Au vu des chiffres de l'épidémie on ne peut qu'être surpris de la frilosité des dirigeants.

Au 10 juin à 18 h le Maroc totalise:
8508 cas confirmés dont 211 décès et 7565 cas de guérisons, soit seulement 732 malades pour 33 millions d'habitants.

Lors du début de l'épidémie au Covid les décisions radicales prises ont été judicieuses et ont permis d'en contrôler le développement au prix d'un effondrement de l'économie marocaine et d'un coût social énorme dont les répercussions sont tout juste atténuées par un effort de solidarité national sans précédent.

Mais le maintien du confinement dans les principales villes du pays et la limitation de la reprise des activités vont aggraver la situation économique. Les licenciements et les faillites qui s'en suivront ne présagent rien de bon pour l'automne.

La situation des ménages les plus modestes (majoritaires) n'a cessé de se dégrader et devient critique surtout que se profile les dépenses liées à la célébration de l'Aïd El Kebir (31 juillet).

Les transferts d'argent des Marocains résident à l'étranger, surtout en Europe, accusent une baisse significative  dues aux pertes de revenus à cause de l'épidémie. Cette manne de devises qui sert de soupape aux familles démunies se réduisant, c'est tout un fragile équilibre social qui risque de céder.



Quant au tourisme le secteur vit une crise sans précédent et beaucoup d'acteurs ne s'en relèveront pas. 
Le maintien de la fermeture des frontières aux touristes étrangers (sans qu'aucune date d'ouverture ne soit annoncée) est une mesure qui creuse encore plus profond le précipice dans lequel ont sombré les acteurs.

Après 3 mois de fermeture totale et peut-être 4 ou 5 si rien ne s'ouvre d'ici le mois d'août nous allons assister à une hécatombe chez les hébergeurs, les transporteurs touristiques, les agences de voyage, enfin sur toute la chaîne de l'accueil touristique.

Pour ne rien arranger il se murmure (avec effroi) que la "transhumance estivale" des M.R.E n'aurait pas lieu cette année.

A ce jour l'Espagne, pays de transit, n'a reçu aucune confirmation sur la possibilité ou pas d'organiser cette opération qui en temps normal débute au mois de juin.
Les réseaux sociaux grondent, entre tristesse, colère et incompréhension, les marocains du monde veulent des réponses.

La seule annonce récente concerne les rapatriements de certains marocains coincés en Europe depuis 3 mois qui devraient commencer .... dans peu de temps. 
Dans un premier jet ce serait l'Espagne qui ouvrirait le bal avec 300 personnes rapatriées par semaine  dont en priorité celles titulaires d'un visa de courte durée ou malades ou en situation précaire.... Avec une mise en quarantaine de 9 jours dans un hôtel à leur arrivée au Maroc.

A ce rythme nombreux seront les marocains a devoir demander une carte de séjour à leur pays d'accueil !

La majorité des pays européens ont déconfiné leurs populations et  l'on constate que l'épidémie reste maîtrisée, qu'il n'y a pas de rebond.  
Le port du masque, la distanciation physique et la capacité à faire des test sont les éléments essentiels permettant de rendre la liberté dont les citoyens ont été privés.