lundi 2 juillet 2018

Musiques Sacrées de Fès 2018: Bilan

Jnan Sbil nocturne / Riad Souafine 2018
La 24ème édition du Festival des Musiques Sacrées de Fès vient de s'achever. Il est donc temps d'en dresser le bilan.

24 ans pour un évènement de ce type est en soi une prouesse mais cette édition 2018 prend des airs de chant du cygne fortement teinté de crépuscule.

24 ans ce n'est pas encore l'éternité mais ce devrait être la maturité. Cette édition en est loin !

Gospel à Bab Makina / PMR crédit


Les organisateurs avaient souhaité revenir aux principes de l'origine du Festival, plus de spirituel et plus de "sacré". Pourquoi pas en effet renouer avec les succès sincères et mérités des premières années avec un peu moins de chanteurs de variétés (souvenons-nous d'Enrico Macias dont la participation semblait incongrue).

Faut-il pour autant sombrer dans le folklore ou l'anecdotique ?

La qualité des artistes venus de lointaines contrées était au rendez-vous (heureusement) et le public a généralement apprécié leurs prestations.
Par contre que ce soit l'organisation toujours aussi approximative et souvent chaotique, les tarifs astronomiques qui pouvaient se justifier dans le passé pour des stars internationales mais pas adaptés à des interprètes à la renommée confidentielle, les retards systématiques, le comportement irrespectueux d'une partie du public, les modifications de dernière minute, l’incompétence des agents d'accueil n'étaient pas à la hauteur d'un festival qui se veut mature et qui vise à attirer des spectateurs du monde entier !

D'ailleurs cette édition est celle qui accuse pour la première fois une fréquentation en baisse. Fini le temps des queues interminables pour accéder à Bab Makina, fini les gradins pleins à craquer.

Si l'on décompte les invités du parterre qui ne se seraient jamais déplacés s'ils avaient dû payer 60€ leur ticket, les entrées payantes auraient à peine remplies une petite salle de théâtre. Même dans les années de crises liées aux printemps arabes la foule des festivaliers était au rendez-vous !

Parmi les raisons qui peuvent expliquer cette désaffection on peut citer:

la programmation qui n'avait rien d'alléchant pour justifier une semaine de séjour à Fès,
les dates, la dernière semaine de juin, coïncidant avec les périodes d'examens scolaires et trop proches des vacances estivales,
la coupe du monde de football et peut-être un peu la concurrence des autres festivals programmés aux mêmes dates, Festival Gnaoua d'Essaouira et surtout le Festival Mawazine de Rabat,
les tarifs enfin sont devenus un vrai frein car ils sont au même niveau que les tarifs de beaucoup de festivals européens.

Il y a encore quelques années le Festival des Musiques Sacrées était un enjeu économique pour le tourisme de Fès. Ce n'est plus le cas. Les Riads et Maisons d'Hôtes ne font plus le plein, nombreux sont ceux n'ayant reçu aucun festivalier cette semaine là. Du jamais vu !

Cette édition 2018 est donc un signal d'alarme qui doit résonner dans la tête des organisateurs et qui doit les pousser à réagir, à revoir en urgence l'architecture du festival, ses objectifs, ses ambitions et ses moyens sous peine de se flétrir rapidement.

Ce bilan 2018, un peu triste et désabusé, comporte aussi quelques beaux  moments  d'émotions comme le concert des 3MA au Jardin Jnan Sbil ou la troupe de Gospel Sud Africain à Bab Makina en soirée de clôture.

3MA / Riad Souafine 2018

Soirée de clôture Bab Makina / PMR crédit

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