samedi 8 mai 2021

Maroc: Covid 19 et tourisme, l'agonie

 

Riad Souafine 2021

Le gouvernement marocain vient de prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 10 juin 2021.

C'est devenu une rengaine puisque tous les mois l'annonce est la même et l'horizon de la reprise s'éloigne toujours un peu plus.

Pour les marocains cela ne change pas grand chose à leur quotidien puisque la plupart des mesures de restrictions ne sont pas respectées. Certes le couvre-feu est officiellement imposé mais les barrages établis sur les axes principaux sont facilement contournés, en Médina faute de contrôle les ruelles sont bien fréquentées jusque tard dans la nuit. quant aux gestes barrières il est clair qu'ils ont disparu depuis longtemps.

Etat d'urgence sanitaire, dans quel but ?

Si l'on en croit les chiffres officiels de la situation épidémique au Maroc le pays est dans une position enviable.

Le nombre de contamination hebdomadaire est tombé à 2000 cas (comparaison absurde: en France il y a 1040 cas à l'heure).

Il est vrai que le Maroc teste peu car les tests étant payants (60€) la population ne se précipite pas pour les faire.

Le nombre de décès d'environ 40 par semaine et moins de 20 personnes en réanimation invasive sont des données plus intéressantes et qui montrent bien que les marocains jouissent d'une forme de résistance atypique face à ce virus.

La vaccination qui au début a été un franc succès marque le pas faute de vaccins en quantité. Le Maroc ne reçoit plus le vaccin d'Astra Zeneca depuis que l'Inde a cessé de l'exporter et le seul vaccin qui arrive au compte goutte est celui de Sinopharm dont malheureusement on constate la faible efficacité dans les pays où il est massivement utilisé.

Au 8 mai ce sont 5 473 809 personnes qui ont reçu une première dose et 4 390 752 qui ont eu les deux doses.

Nous sommes donc loin d'une immunité collective acquise grâce à la vaccination.

L'état d'urgence sanitaire on le constate n'est que de peu d'effet sur la propagation locale de l'épidémie puisque celle-ci est plus que minimale par contre il entraîne de facto la prolongation de l'interdiction des vols commerciaux de et vers 57 pays dont la quasi totalité des pays européens, encore jusqu'au 10 juin en attendant la prochaine prolongation.

Alors que de plus en plus de pays d'Europe du Sud dont le tourisme tient une place importante dans leur économie prennent des mesures pour faciliter le redémarrage de l'activité avec notamment le passeport sanitaire qui devrait être opérationnel en juin. 

L'Espagne, l'Italie, la Grèce et d'autres encore se mobilisent pour sauver cette industrie et les milliers d'emplois qu'elle représente.

Au Maroc rien de sérieux n'est envisagé pour permettre aux touristes étrangers vaccinés de retrouver le chemin de notre destination pourtant considérée comme l'une des plus sûre.

Depuis 14 mois les professionnels du tourisme sont sans activité et donc sans ressources. Les loueurs de voitures vendent leur parc automobile avant que les banques ne procèdent aux saisies, les premières faillites d'hôtels sont annoncées, les grands groupes internationaux réduisent la voilure (Accor, Club Med) et l'immense majorité des entreprises envisagent de licencier massivement si cesse l'indemnité versée aux employés, par la CNSS.

Sans aides directes aux entreprises ce sera tout un secteur d'activité qui va s'effondrer. Bien sûr dans 6 mois ou un an les touristes reviendront peu à peu mais ils ne trouveront plus la même qualité de service aux mêmes prix qu'avant la crise. 

Il n'y a qu'à voir ce qui se passe aux USA avec les loueurs de voitures dont les tarifs ont explosés  car ayant réduit leur parc la demande aujourd'hui est supérieure à l'offre.

Si au Maroc les hôteliers, les Riads et Maisons d'Hôtes baissent le rideau ce sera le même phénomène.

La remise à niveau d'un établissement fermé depuis plus d'un an nécessitera un investissement qu'il ne pourra financer.

Rien n'est prévu pour faciliter la reprise du secteur touristique comme si celui-ci n'intéressait personne.

Le seul mantra que le ministère du tourisme murmure pour sauver l'activité est celui du "tourisme interne".

Comme si les marocains dans leur majorité avaient les moyens de prendre des vacances et de payer leurs séjours hôteliers ! 

Au mieux pour les plus aisés, ils iront peut-être cet été passer quelques jours dans les stations balnéaires.

Et encore avec l'état d'urgence sanitaire les déplacements inter région sont limités.

Les professionnels du tourisme demandent un minimum de visibilité, un minimum d'aides financières... Ils n'ont rien de tout cela.

Leur agonie est lente et dans la perfusion il n'y a que du thé à la menthe ... sans sucre !

Riad Souafine 2021


Heureusement tout n'est pas triste au Royaume du Maroc, la nature, les paysages, les médinas sont préservés de la sinistrose ambiante et nous émerveillent toujours autant.

Fleur de gardénia / Riad Souafine 2021